En raison de la structure singulière et de l’architecture unique du Stade olympique de Montréal, le remplacement de sa toiture requiert une préparation et un suivi méticuleux. Le Parc olympique s’est adjoint les services de la firme de génie-conseil WSP pour relever ce défi. Entrevue avec l’ingénieur Pierre Rodrigue, chef d’équipe en bâtiment, structure et scénographie chez WSP.

 Parlez-nous de WSP?

Nous sommes une firme de génie-conseil présente dans une quarantaine de pays. Notre siège social est à Montréal. Nous avons participé à la construction de plusieurs stades à travers le monde, dont le stade Arthur-Ashe, à New York, où se tient le fameux US Open de la WTA, auquel prennent part les plus grands joueurs et plus grandes joueuses de tennis au monde.

L’équipe que nous avons formée pour le remplacement de la toiture du Stade olympique de Montréal comprend aussi des spécialistes des ponts, un autre domaine d’expertise de WSP. Nous travaillons actuellement au remplacement de l’échangeur Turcot, par exemple.

Pourquoi faire appel aussi à des spécialistes des ponts?

Le Stade est à plusieurs égards construit comme un pont, avec ses grands porte-à-faux et ses composantes en béton précontraint par post-tension.

Quel est le rôle de votre firme dans ce projet?

Nous avons un mandat d’accompagnement de la Régie des installations olympiques, et ce, tout au long du processus. La première phase du mandat, qui est presque terminée, consistait à évaluer la capacité portante du Stade et de la tour inclinée, c’est-à-dire leur capacité à soutenir le poids du toit et de la neige. Pour ce faire, nous avons conçu un nouveau modèle mathématique et avons bâti une maquette numérique en trois dimensions pour fournir au constructeur les dimensions les plus précises possible. On limite ainsi le risque de mauvaises surprises pendant la construction.

La prochaine phase sera l’appel de propositions en vue de choisir le concepteur-constructeur. À cette étape, nous allons contribuer à établir les critères de performance du nouveau toit, comme par exemple les charges maximales à supporter. C’est ce sur quoi nous travaillons actuellement.

Vous avez personnellement déjà travaillé sur des projets au Stade olympique. Pouvez-vous nous en parler?

Au début des années 1990, j’ai participé à la conception d’une nouvelle toiture au sein du consortium de génie-conseil Structuras. J’y ai œuvré pendant trois ans, dans des bureaux situés au stade lui-même. C’est à cette époque que j’ai réellement compris comment cette structure fonctionne!

Ces dernières années, j’ai aussi travaillé à la réfection de la Tour de Montréal pour y aménager de nouveaux espaces de bureaux. Depuis 2012, notre firme a également un contrat de maintien des actifs. Dans ce cadre, nous avons réalisé différents travaux au Parc olympique, dont des plans pour le planchodrome, des rénovations dans les stationnements, etc.

Quels sont les principaux défis techniques dans ce projet de nouvelle toiture?

Il s’agit d’une toiture à grande portée qui est suspendue à un mât et liée au Stade lui-même. Il faut donc analyser les liens qui unissent ces trois structures. Le poids important de la toiture et le recours au béton précontraint en post-tension complexifient aussi les calculs. Tout ceci requiert une analyse poussée.

Pour comprendre l’état actuel de la structure, il nous a fallu aussi consulter les milliers de dessins et de rapports qui documentent les multiples interventions que le Stade a subies au fil des décennies. Assimiler tout ce qui a été fait depuis 40 ans est en soi un défi !

Avec la connaissance que vous avez du Stade, que pensez-vous de ce bâtiment?

C’est vrai que c’est un peu ma deuxième maison ! J’aime beaucoup cette structure. Quand je consulte les analyses des années 1970 et 1980, je suis épaté par la compréhension de la structure qu’avaient ceux qui l’ont conçue. Sur les plans structural et architectural, c’est une œuvre d’art incroyable.

 Et comment se déroule votre mandat jusqu’à maintenant?

Tout se passe bien! Nous mettons ces jours-ci la dernière main à notre rapport sur la capacité portante. Ce sera certainement intéressant d’accompagner la RIO et Schlaich Bergermann Partner dans la suite du processus.