Par Lysanne Richard, plongeuse de haut vol
Ce qui m’inspire, c’est le vent. J’ai toujours eu ce besoin de repousser mes limites. Plonger d’une hauteur de 10 mètres, ce n’était pas assez haut pour moi…
J’avais 13 ans quand j’ai appris l’existence du plongeon de haut vol. J’ai assisté à un spectacle qui en mettait en vedette au Village des sports, dans la région de Québec, et j’ai tout de suite su qu’il fallait que j’exerce un jour ce sport.
Par la suite, la vie a parsemé ma route de découvertes et de nouveaux défis, mais au fond de moi demeurait ce rêve : celui de voler. À 18 ans, le plongeon est redevenu ma passion principale. Je me suis donc rendue dans le nord de la France, pour enfin faire des spectacles de plongeon.
Dès le premier jour d’entraînement, je souhaitais m’élancer du haut du 26,5 mètres, le grand saut de la petite plateforme – à peine plus grande qu’une feuille de papier -, qui clôturait le spectacle. Cependant, le capitaine de l’équipe et les plongeurs expérimentés ont su m’assagir… pendant une semaine!
Je devais tout d’abord apprendre mon rôle dans le spectacle et de nouveaux plongeons dans un nouvel environnement. Je devais aussi apprendre à apprivoiser la bête dangereuse – le plongeon de haut vol – une étape à la fois. J’ai dû prouver le contrôle que j’étais capable d’exercer dans les airs, choisir les bons mouvements et travailler mes « scoops » (la technique de carpé en levant les jambes au parfait moment, nous permettant de changer la trajectoire afin de ne pas percuter le fond de la piscine). Le sol de béton situé à 12 pieds de profondeur, lorsqu’on fait 90 pieds de chute libre, arrive très rapidement!
Cela dit, après quelques jours, j’ai obtenu le consentement de mon capitaine pour plonger de la tour de 26,5 mètres. Je me sentais prête, malgré le risque encouru. En fait, j’avais toujours été prête pour relever ce défi. C’était enfin pour moi le grand jour. Au mois de juin 2000, j’ai exécuté mon premier plongeon de haut vol. C’est là que je suis devenue high diver.
En plongeon de haut vol, durant notre descente, nous pouvons atteindre une vitesse avoisinant les 80 km/h. Nous sommes seuls avec notre maillot de bain dans les airs, à «créer» notre vent. On crée notre trois secondes : trois secondes de risques, trois secondes de contrôle, trois secondes d’éternité, trois secondes où plus rien d’autre ne compte et tout est à faire. Le temps de la chute, on vole dans le vent, dans notre vent.
Je suis Lysanne Richard, heureuse maman de trois enfants, artiste de cirque et plongeuse de haut vol. Ce que j’aime, c’est le vent. Je suis actuellement la seule représentante du Canada dans les compétitions internationales de plongeon de haut vol de la FINA et de Red Bull Cliffdiving. En mai dernier, au Texas, j’ai raflé la deuxième place à la compétition de RedBull Cliffdiving.
J’aurai la chance de partager une partie de mon histoire avec vous, par le biais de ces articles, et de vous parler de mon sport ainsi que de ses réseaux de compétition. Merci d’avoir pris le temps de me lire, et, d’ici la prochaine fois, je vous dit : bon vent!