BOUGE! Le blogue du Centre sportif

Comment se rétablir rapidement d’une épicondylite latérale du coude?

Par Simon Lafrance, physiothérapeute à la clinique STADIUM PhysiOsteo

Première étape, le diagnostic!

Premièrement, il est important de bien identifier le problème puisque plusieurs tissus ou régions du corps, outre les tendons, peuvent causer des douleurs en externe au niveau du coude. La région cervicale, pour ne nommer que celle-ci, peut référer des douleurs au niveau du coude. Il est donc important d’avoir recours à un professionnel de la santé qualifié pour bien identifier les structures en cause. Nous nous attarderons aujourd’hui aux tendons s’insérant à  l’épicondyle latéral.

L’épicondylite latérale du coude, en quelques mots, c’est quoi?

Communément appelée « tennis elbow », l’épicondylite latérale du coude est un syndrome douloureux impliquant les tendons s’insérant sur le côté externe du coude. Elle est généralement causée par des mouvements répétitifs du bras ou du poignet. Ce syndrome est caractérisé par une douleur en externe au coude et une perte de force surtout au niveau du poignet (extension et préhension) ce qui limite la fonction.

Les sports de raquette comme le tennis, les soulèvements de charges, le travail à l’ordinateur ou certains travaux manuels (construction, menuiserie, etc.) sont les principaux facteurs causant l’épicondylite latérale du coude. Les douleurs peuvent également être ressenties lors d’activités de la vie quotidienne telles que dévisser un pot, prendre une pinte de lait ou serrer la main de quelqu’un.

Est-ce l’inflammation qui provoque ma douleur au coude?

Bien qu’il puisse y avoir un processus inflammatoire lors des premiers jours, les douleurs de l’épicondylite latérale proviennent le plus souvent d’un processus dégénératif. En fait, lorsque le stress mécanique appliqué sur les tendons épicondyliens dépasse leur capacité maximale d’adaptation, les fibres du tendon auront tendance à se désorganiser, ce qui entraînera de la douleur à l’épicondyle latérale lors de l’effort.

C’est un peu comme un entraînement musculaire, si l’on s’entraîne trop fort pour notre capacité, nos muscles seront endoloris. Si l’on répète le même entraînement tous les jours, sans périodes de repos, ils risquent de devenir de plus en plus douloureux. Le même principe s’applique aux tendons du coude.

Le secret de la guérison de l’épicondylite

Au départ, il est important de réduire (repos relatif) ou même d’arrêter les activités qui augmentent la douleur. Ensuite, il est primordial d’effectuer des exercices de renforcement qui permettront aux tendons de récupérer et de tolérer davantage le stress mécanique. Votre physiothérapeute est la personne la mieux placée pour vous prescrire des exercices adaptés à votre condition. On peut encore une fois faire le parallèle avec l’entraînement musculaire : si l’on veut tolérer davantage un exercice ou un sport, il est essentiel de s’entraîner en conséquence.

À part l’arrêt des activités irritantes au début des symptômes et les exercices par la suite, existe-t-il d’autres interventions en physiothérapie pouvant être bénéfiques?

Suivant la phase de guérison du tendon, plusieurs alternatives de traitement sont possibles :

  • Les bracelets épicondyliens/taping pour diminuer le stress mécanique sur les tendons.
  • La thérapie manuelle en physiothérapie ou en ostéopathie pour traiter les articulations du coude et tous les tissus participant à la douleur.
  • L’acupuncture ou puncture par aiguille sèche en physiothérapie pour traiter l’inflammation et la douleur.
  • La fibrolyse diacutanée (crochetage) pour mobiliser les tissus mous.
  • Prise d’anti-inflammatoires à court terme.
  • La thérapie par ondes de choc ou Shockwave (surtout si les tendons sont calcifiés) pour les tendons récalcitrants qui ne répondent pas aux exercices.
  • D’autres modalités peuvent également être utilisées dans le traitement de la douleur tel que : l’électrothérapie, le laser, l’application de glace, chaleur ou de crèmes analgésiques.

Ceux-ci devraient cependant être combinés aux exercices de renforcement et à la modification des activités qui sont les techniques de traitement les plus efficaces pour une fonction optimale à moyen et à long terme.

Pour ce qui est des infiltrations de cortisone, elles permettent une réduction de la douleur à court terme (environ 1 à 3 mois) mais pas à moyen et long terme (3 mois et plus). Il est donc important de peser le pour et le contre avant d’avoir recourt à celles-ci, étant donné leurs effets toxiques au niveau des tendons et des muscles. Les infiltrations de plasma riche en plaquettes (PRP) ne semblent pas être efficaces.

Quel est le temps de guérison?

Il est très difficile de prévoir un délai de réadaptation précis puisqu’il varie pour chaque individu. Dans le cas d’une épicondylite aiguë, la réadaptation peut prendre de quelques jours à quelques semaines. Cependant, un cas plus sévère et chronique peut nécessiter plusieurs mois de traitements et d’exercices. Règle générale, plus la condition est traitée tôt et plus votre santé globale (nutrition, sommeil, contrôle du stress, forme physique générale) est bonne, meilleur est votre potentiel de récupération.

Références

  1. Cullinane, F. L., Boocock, M. G., & Trevelyan, F. C. (2014). Is eccentric exercise an effective treatment for lateral epicondylitis? A systematic review. Clinical rehabilitation28(1), 3-19.
  2. Duchesne, E., Dufresne, S. S., & Dumont, N. A. (2017). Impact of Inflammation and Anti-inflammatory Modalities on Skeletal Muscle Healing: From Fundamental Research to the Clinic. Physical Therapy, pzx056.
  3. Derry, S., Moore, R. A., Gaskell, H., McIntyre, M., & Wiffen, P. J. (2015). Topical NSAIDs for acute musculoskeletal pain in adults. The Cochrane Library.
  4. Dunning, J., Butts, R., Mourad, F., Young, I., Flannagan, S., & Perreault, T. (2014). Dry needling: a literature review with implications for clinical practice guidelines. Physical therapy reviews19(4), 252-265.
  5. Krogh, T. P., Fredberg, U., Stengaard-Pedersen, K., Christensen, R., Jensen, P., &Ellingsen, T. (2013). Treatment of lateral epicondylitis with platelet-rich plasma, glucocorticoid, or saline: a randomized, double-blind, placebo-controlled trial. The American journal of sports medicine41(3), 625-635.
  6. Reurink, G., Goudswaard, G. J., Moen, M. H., Weir, A., Verhaar, J. A., &Tol, J. L. (2014). Myotoxicity of injections for acute muscle injuries: a systematic review. Sports Medicine44(7), 943-956.
  7. Tang, H., Fan, H., Chen, J., Yang, M., Yi, X., Dai, G., … & Liang, F. (2015). Acupuncture for lateral epicondylitis: a systematic review. Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine2015.
  8. Vallely Farrell, A., Sirago, Charlotte.,Vanderlinden, Elien., Celine, V., Fahrner, J., (2017). Lateral Epicondylitis. Repéré à https://www.physio-pedia.com/Lateral_Epicondylitis#cite_note-:4-6