Pour concevoir la nouvelle toiture du Stade olympique de Montréal, le Parc olympique a retenu les services de Schlaich Bergermann Partner (sbp), une firme d’ingénieurs allemande qui a fait des toitures à structures légères tendues sa spécialité. Entrevue avec Michael Stein, directeur général de l’antenne new-yorkaise de sbp.

Présentez-nous Schlaich Bergermann Partner…

Michael Stein : « Nous sommes une firme d’ingénieurs fondée dans les années 1960 et basée à Stuttgart, en Allemagne. Dès la fin des années 1960, les deux fondateurs de la firme, Jörg Schlaich et Rudolf Bergermann, ont collaboré avec l’architecte Frei Otto pour concevoir le toit textile du Stade olympique de Munich, érigé pour les Jeux d’été de 1972.

À l’époque, personne n’avait encore conçu de toit léger à l’exception de Frei Otto lui-même, et c’était pour un édifice construit à Montréal : le pavillon de l’Allemagne de l’Ouest à l’Expo 67 ! »

Et votre firme a continué de travailler à des constructions du genre ?

S. : « Oui, les toits de stades sont devenus notre spécialité. Nous en avons fait plus de 60 à travers le monde, la plupart sous forme de toitures légères, semblables à des tentes. Ce type de toit est idéal en tant qu’ajout à une structure existante, comme c’est le cas pour le Stade olympique de Montréal.

Récemment, nous avons conçu et supervisé la construction de quatre toits en textile léger pour des stades où a eu lieu la Coupe du monde de la FIFA au Brésil, en 2014, quatre du même genre en Afrique du Sud, d’autres en Allemagne… Et nous travaillons actuellement à la conception de trois toits pour des stades de soccer au Qatar, en vue de la Coupe du monde de FIFA, en 2022. »

Parlez-nous de votre propre parcours…

S. : « Je viens moi-même de Stuttgart et c’est là que j’ai étudié. J’avais d’ailleurs des cours dans un édifice pour lequel Frei Otto avait construit un prototype de toit léger avant de construire celui de l’Expo 67. Déjà comme étudiant, j’étais fasciné par cette structure.

J’ai travaillé au siège social de sbp à Stuttgart pendant 15 ans avant de déménager à New York. Je me suis chargé de la construction de plusieurs toits de stade légers et rétractables, notamment en France et en Allemagne. »

Aussi à Vancouver, pour le stade BC Place, n’est-ce pas ?

S. : « En effet. Mon équipe et moi avons créé pour ce stade un toit rétractable capable de supporter une charge importante de neige grâce à ses deux épaisseurs de tissus. C’est un toit qu’on gonfle, comme un énorme coussin d’air. »

À Montréal, serez-vous le seul maître à bord du projet ?

S. : « Pour une construction aux formes aussi particulières que le Stade olympique de Montréal, il faut que les ingénieurs travaillent dès le départ de concert avec des architectes. L’intégrité structurale d’un toit léger repose en grande partie sur la forme de la toile ; il faut le concevoir à la fois en tenant compte de l’ingénierie et de l’architecture. Nous nous sommes donc adjoint la firme allemande GMP architects, avec qui nous avons déjà conçu plusieurs toits de stades aux formes variées. »

Quels sont les principaux défis que ce projet comporte ?

S. : « Le défi numéro un est le stade lui-même ; c’est une structure unique qu’il faut bien comprendre. Nous souhaitons que le nouveau toit s’harmonise à la structure existante de Roger Taillibert.

Le deuxième, c’est la charge de neige que le toit doit pouvoir supporter, d’autant plus qu’il faut compter l’effet dynamique du vent. Nous avons les moyens technologiques pour composer avec ces éléments, mais il faut absolument en tenir compte pour concevoir un toit sécuritaire et fonctionnel dans ces conditions climatiques extrêmes.

Le troisième défi, c’est que les normes de construction ont changé depuis la construction du stade. Le Code national du bâtiment du Canada a aujourd’hui des exigences bien différentes de celles qui prévalaient il y a 50 ans. Nous devrons réaliser une comparaison fine entre la construction existante et les normes actuelles, auxquelles nous devrons nous conformer. »

Avez-vous déjà visité le Stade olympique de Montréal vous-même ?

S. : « Oui ! Depuis que je vis à New York, je viens à Montréal de temps en temps. J’avais déjà visité le stade à quelques reprises bien avant que le projet de remplacement du toit ne se présente. J’ai visité la partie fixe du toit, la tour… C’est une construction remarquable, qui montre toute l’ingéniosité de Taillibert. Nous nous sentons choyés de pouvoir travailler avec cette structure. C’est stimulant ! »