Par Audrey Lacroix, nageuse olympique en 2008, 2012 et 2016.
« Quand on le regarde objectivement, ce stade-là, il a été fait pour deux semaines ».
Quand j’ai entendu ces paroles d’un intervenant dans le documentaire d’Ici Radio-Canada Le Stade : Autopsie d’un rapport amoureux, j’ai sursauté. Puis, j’ai tout de suite vu le lien avec ma carrière d’athlète. Je m’explique.
J’avais un entraîneur qui me rappelait souvent qu’il fallait que je retire de mon expérience d’athlète davantage que seulement la capacité de nager le plus rapidement possible. Oui, nager vite allait me permettre de réaliser mes objectifs, de me qualifier pour les Jeux olympiques. Mais qu’est-ce qui allait rester après?
Je vis maintenant cette vie après le sport. Mes participations aux Jeux olympiques, en plus des souvenirs incroyables, demeurent des expériences marquantes et formatrices. Bien sûr, c’est surtout l’entraînement et le travail accompli pour arriver là qui m’ont permis de développer les aptitudes qui me servent tous les jours dans mon travail. Toutefois, le fait d’avoir eu la chance de vivre l’expérience olympique a aussi eu une influence non négligeable.
Depuis quelques mois, je nage juste pour le plaisir. Plusieurs fois par semaine, je vais donc nager au Centre sportif du Parc olympique. Souvent, je fais un détour par le département marketing du Parc olympique, parce que j’y travaille.
Le Parc olympique de Montréal a été construit avant ma naissance. Je n’étais pas née lors des deux semaines pour lesquelles il a supposément été construit. Pourtant, je crois, comme beaucoup d’athlètes élites et de sportifs occasionnels, que ces installations m’ont été fort utiles.
Le Stade a été construit POUR les Jeux de 1976. Je me suis entraîné plus de 25 ans POUR participer aux Jeux olympiques. Les Jeux olympiques durent deux semaines, mais ce qu’il en reste peut durer toute une vie, ou plutôt plusieurs vies dans le cas des villes hôtesses. Le rayonnement des Jeux de 1976 sur la ville de Montréal perdure encore aujourd’hui. Les installations construites pour 1976 m’ont aidé à réaliser mon rêve olympique et elles aideront beaucoup d’autres athlètes à faire de même dans le futur.
Pour le Parc olympique de Montréal, tout comme pour moi, les Jeux sont terminés… Mais il nous reste quelque chose. Au-delà des photos, des vidéos et des souvenirs. Il y a un héritage olympique à partager. Un patrimoine, des installations sportives et culturelles pour tous et une histoire unique pour le Parc olympique. Une histoire à partager, une expérience à raconter dans mon cas.
Que j’aille m’entraîner ou travailler, je vois les anneaux olympiques sur le mur en entrant au Centre sportif. Je suis heureuse à travers mon travail de participer à la mise en valeur du Parc olympique. Je suis tout aussi heureuse d’avoir l’occasion de partager ma propre histoire et mon héritage olympique, entre autres lors de conférences dans les écoles.
Je crois qu’il existe plusieurs façons, autant pour les installations olympiques que pour les athlètes, de mettre en valeur leur héritage olympique. Il existe une multitude de moyens d’utiliser l’aventure olympique pour inspirer les gens, pour en faire bénéficier les autres.
Malheureusement, ce ne sont pas toutes les installations olympiques qui perdurent, tout comme ce n’est pas tous les athlètes qui retirent le maximum de leur parcours une fois leur carrière terminée.
Les Jeux olympiques durent 18 jours. J’y suis allée trois fois, ce qui fait que j’ai eu 54 jours de Jeux olympiques dans ma carrière. Je désire faire en sorte que l’expérience formidable que j’ai eu le privilège de vivre en tant qu’athlète d’élite puisse perdurer d’une autre façon maintenant que les Jeux sont derrière moi. C’est dans cette optique qu’en juin prochain, je participerai à l’Académie internationale olympique à Olympie en Grèce. Il s’agit d’un centre culturel international dont la mission est de préserver et diffuser l’esprit olympique, d’étudier les principes éducatifs et sociaux de l’Olympisme et de les mettre en pratique.
Oui, les Jeux olympiques ne durent que deux semaines, mais avec un peu d’efforts, ces deux semaines peuvent influencer toute une vie. Le Parc olympique, plus animé que jamais depuis ces dernières années en est la preuve. Son influence et son apport à la population transcendent maintenant le sport.
Je commence ma vie professionnelle au département marketing du Parc olympique. Une partie de mon travail est de trouver les mots afin de mettre en valeur les installations olympiques. Et je crois humblement qu’à plus petite échelle, je trouverai aussi les mots me permettant de célébrer mon propre héritage olympique.