Par Simon Lafrance, physiothérapeute à la clinique STADIUM PhysiOstéo
Qu’est qu’une capsulite à l’épaule?
La capsulite à l’épaule est causée par une synovite hyper vasculaire au niveau de la capsule qui deviendra ensuite raide et contractée. En d’autres mots, au départ il y a présence d’une inflammation prolongée au niveau de l’articulation de l’épaule et par la suite, il y a une apparition de raideur capsulaire1,4. Parfois, la cause de la capsulite est connue (blessure à l’épaule, etc.), mais elle peut aussi se développer sans cause connue, on parle alors d’une capsulite idiopathique1. Il existe plusieurs facteurs de risque reliés aux capsulites comme être diabétique, être une femme, avoir entre 40 et 60 ans et être un travailleur manuel5.
Le diagnostic
Il n’existe malheureusement aucun test en imagerie permettant de diagnostiquer une capsulite avec certitude, surtout lors des premiers stades. Le diagnostic est donc essentiellement clinique et se fait selon les observations suivantes :
- Diminution des amplitudes de mouvement à l’épaule, surtout pour la rotation externe
- Douleur nocturne
- Progression des symptômes (douleur et restriction de mouvement)
- Radiographie normale (pas de présence d’arthrose pouvant expliquer les symptômes)
Le diagnostic est normalement confirmé après quelques séances selon l’évolution des symptômes et la réponse au traitement. Il est très important de consulter un professionnel de la santé compétent pour effectuer le diagnostic puisque plusieurs conditions peuvent mimer des symptômes similaires1.
Les 4 stades de la capsulite
1. Préadhésif (0-3 mois)
Ce stade est caractérisé par une apparition de douleur au niveau de l’épaule qui est généralement pire durant la nuit. Cette douleur est causée par une synovite hyper vasculaire de la capsule (inflammation). Les restrictions de mouvement sont causées par la douleur et par les tensions musculaires1.
2. Adhésif aigu (3-9 mois)
La douleur est toujours très présente dans ce stade. Plus ce stade avance, plus elle aura tendance à diminuer. Ce stade est caractérisé par le début de la formation de tissu cicatriciel ce qui restreint la mobilité1.
3. Fibrotique (9-15 mois)
La douleur est nettement moindre dans ce stade puisque la synovite est terminée. Les restrictions sont dues à un épaississement de la capsule, il s’agit donc de restriction mécanique par manque de mobilité des tissus1.
4. Résorption (15-24 mois)
Lors de cette phase, la capsule de l’épaule va se remodeler et s’adapter aux demandes du corps. Il n’y a normalement pas de douleur dans cette phase. La raideur diminue progressivement1.
*Il est à noter que les indications en terme de mois peuvent varier selon les individus.
Traitement en physiothérapie
Dans les stades 1 et 2, l’important est d’effectuer de courtes séances d’exercices de physiothérapie plusieurs fois par jour afin de maintenir le plus possible les amplitudes articulaires. Celles-ci ne devraient pas augmenter la douleur. De plus, le physiothérapeute peut utiliser des techniques de mobilisation douce selon son jugement. Il est important d’aborder une approche douce tant que la synovite (inflammation) reste présente1.
Lors des stades 3 et 4, la synovite s’estompe, mais la capsule est très raide. Les séances d’exercices seront plus longues, plus intenses, mais moins fréquentes. La douleur, selon tolérance, est permise lors de ces phases. Le physiothérapeute peut également utiliser des techniques de mobilisation vive lors de cette phase. Vers la fin de la phase 4, des exercices de contrôle moteur peuvent également être prescrits par le physiothérapeute afin d’optimiser la fonction1.
Traitement médical
Une fois que le diagnostic est clairement identifié (normalement après 2-3 séances de physiothérapie) une infiltration intra-articulaire de corticostéroïdes est indiquée afin de calmer la synovite (inflammation)1.
Lors des stades 3 et 4, c’est plutôt l’infiltration arthrodistensive qui est appropriée afin de diminuer la douleur et d’augmenter la fonction1,2. L’infiltration arthrodistensive permet d’augmenter l’espace intra-articulaire ce qui permet d’étirer la capsule. Celle-ci est normalement suivie d’une séance de physiothérapie en thérapie manuelle dans la même journée. Il est également à noter que le rapport de l’infiltration arthrodistensive devrait être remis au physiothérapeute1.
Traitements complémentaires
L’acupuncture peut être utilisée afin de diminuer la douleur. Elle s’avère efficace lorsque combinée aux traitements de physiothérapie et médicaux3. L’efficacité de la glace et de la chaleur est limitée, cependant elles peuvent aider à contrôler la douleur dans certains cas. L’ostéopathie est parfois efficace lors des stades 3 et 4, principalement si des raideurs cervicales et/ou au haut du dos sont présentes.
Pronostic
Les symptômes, incluant les pertes d’amplitude et de fonction, relié à la capsulite de l’épaule se résolvent normalement en 1 à 3,5 ans4. Cependant, jusqu’à 50% des patients ont des limitations pour une moyenne de 7ans1. Il est donc important d’avoir recours aux traitements appropriés pour viser une récupération optimale. Il faut se rappeler également que le corps est un tout intégré et qu’une bonne santé globale (nutrition, sommeil, contrôle du stress, forme physique générale) favorisera la récupération.
Références
- Boivin, JP., (2014). L’épaule raide La capsulite de l’épaule démystifiée. Conférence présentée au Réseau Physio Saguenay-Lac-St-Jean, Jonquière.
- Buchbinder, R., Green, S., Youd, J. M., Johnston, R. V., & Cumpston, M. (2008). Arthrographic distension for adhesive capsulitis (frozen shoulder). The Cochrane Library.
- Rubio, A., Mansfield, M., & Lewis, J. (2017). Effectiveness of acupuncture in the treatment of shoulder pain: A systematic review of published randomised clinical trials. r.
- Ryan, V., Brown, H., Lowe, C. J. M., & Lewis, J. S. (2016). The pathophysiology associated with primary (idiopathic) frozen shoulder: A systematic review. BMC musculoskeletaldisorders, 17(1), 340.
- Uppal, H. S., Evans, J. P., & Smith, C. (2015). Frozen shoulder: A systematic review of therapeutic options. World journal of orthopedics, 6(2), 263.