Par Roseline Filion, plongeuse et médaillée olympique
Que vous soyez athlète ou non, les superstitions touchent presque tout le monde. Certains les voient comme des routines et d’autres comme une marche à suivre «obligatoire», propice à la réussite.
Les superstitions, tu ne juges pas ça! Tu ne poses pas de question non plus, même si parfois c’est étrange et intense. Si parler à tes poteaux de but avant un match de hockey comme le faisait Patrick Roy ou attacher tes souliers de la même façon, utiliser la même douche avant chaque match et faire rebondir la balle cinq fois à ton premier service comme le fait Serena Williams te permet de te sentir bien et te met en confiance, alors fais-le !
J’ai un ami qui doit absolument aller se chercher un venti peppermint mocha avec cinq shots d’espresso avec lait écrémé sans crème fouettée au Starbucks avant chaque examen à l’école. C’est comme ça!
Au début de ma carrière, j’avais beaucoup de superstitions. Porter le même maillot en finale, refaire ma queue-de-cheval après un plongeon raté pour « enlever l’erreur » et toujours lancer mon chamois à la même place. Je vous jure, je ne suis pas folle. Ces petits gestes atténuaient l’importance que j’accordais à la compétition et m’aidaient à me concentrer.
Jusqu’au moment où j’ai lancé mon chamois à la mauvaise place. Oh! Oh! Je suis sur le 10 mètres, le juge arbitre a donné le coup d’envoi et je suis en mode panique parce que mon chamois n’est pas à la bonne place. Un tourbillon d’émotion dans ma tête. D’une part je me dis : «Ah non, ah non»! Et de l’autre : «Ok, ok, ce n’est pas grave». Pendant ces cinq secondes de réflexion, pas une fois je n’ai pensé à mon plongeon. C’était une distraction tellement inutile, que depuis ce temps, j’ai laissé tomber tout ça.
Mon entraîneur, Arturo Miranda, a grandement contribué à ce que je perde ces habitudes. Le risque de distraction est trop élevé si jamais ma routine tourne mal, me dit-il. Si je parviens à oublier tout ça, lorsqu’un pépin survient pendant la compétition, je suis en mesure de m’adapter sans paniquer. Le plongeon est un sport où je dois me concentrer sur cinq plongeons différents, ce n’est pas le temps de penser à ma couette ou à mon chamois. Cela dit, celle du maillot, j’ai beaucoup de difficulté à la laisser aller. J’aime porter toujours le même maillot de bain en finale. J’ai peut-être une cinquantaine de maillots différents, mais c’est le noir qui me donne ce «je ne sais quoi» en finale, et qui me porte chance.
Éventuellement je n’y accorderai plus d’importance à ce maillot de finale. Mais pour l’instant, il est toujours dans mon sac, juste au cas. À quelques reprises cette saison, j’ai été en mesure de changer cette superstition, et ça m’a bien servi. Mais la médaille d’or que j’ai gagnée en série mondiale à Londres? Eh bien, je portais mon maillot noir! Tout est dit!
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