Par Roseline Filion, plongeuse et médaillée olympique
Une saison olympique, ça se prépare des mois, voire des années à l’avance. Au début du cycle de Rio 2016, soit en octobre 2012, mon entraîneur, tous les intervenants qui m’entourent et moi avons établi un plan en quatre étapes pour que la route vers Rio soit bien organisée. Nous voulions également avoir la certitude que tous les aspects liés à la préparation étaient couverts et que nous avions du temps pour les imprévus.
Mon cycle olympique a commencé au moment où j’ai remis les pieds à la maison après les Jeux olympiques de Londres. C’est généralement là que la période de remise en question bat son plein. Est-ce que je continue ou j’accroche mon Speedo? Ce fut LA question qui a envahi mes pensées, tout juste après mon dernier plongeon de la compétition du 10 mètres individuel. Dans le fin fond de moi-même, je désirais continuer, mais pas à n’importe quel prix. Si je m’engageais à prolonger de quatre ans ma carrière sportive, les choses devaient changer. J’estime qu’avec le temps, j’ai appris à connaître mes capacités physiques, mais surtout à savoir ce qui est bon pour moi. Je tenais à explorer ces avenues en essayant quelque chose de nouveau qui peut-être allait mieux correspondre à mes besoins.
Alors étape par étape, j’ai fait le grand saut ! Changement d’entraîneur, de club et de service de préparation physique. Ma nouvelle équipe ? Arturo Miranda et Hi Yua Li (entraîneurs), Club de plongeon Pointe-Claire et le groupe B2ten de Dominick Gauthier, principalement pour la préparation physique. Donc année un du cycle ? « Gestion du changement » et élaboration du plan d’attaque. Mettre de l’avant ce qui doit être amélioré et réduire le nombre de compétitions pour faire place aux modifications. Bref, l’année un sert à se donner du temps pour repartir à zéro et rebâtir une base solide.
L’année deux, c’est là où les nouveaux éléments techniques appris l’année précédente commencent à s’encrer tranquillement dans notre système. On prend le temps de faire beaucoup de répétitions pour être capable de transmettre ces éléments en compétition, mais surtout pour se défaire de nos vieilles habitudes en situation de stress. D’ailleurs, on ajuste le calendrier pour se donner l’opportunité de pratiquer davantage.
L’année trois, c’est le début de la période de peaufinage. Conjointement liée : l’augmentation significative des compétitions. Nous nous entraînons à compétitionner pour développer de l’endurance. Cette étape est cruciale dans un cycle olympique, parce que non seulement nous plongeons dans les détails et dans le développement de la force, mais l’année trois marque aussi le début des qualifications olympiques. Généralement, la saison la plus exigeante physiquement du cycle. En tout cas pour moi !
Après beaucoup de voyages et de travail, l’année olympique, c’est-à-dire l’année quatre, est complètement dédiée à la personnalisation de la précision des plongeons. Nous retenons trois éléments importants à corriger et nous travaillons sur l’amélioration de ces derniers. Le calendrier de compétition, lui, est plus léger pour laisser place à l’entraînement. Cependant, nous avons ciblé des compétitions clés qui seront bénéfiques dans notre préparation olympique. L’objectif principal ? Ne rien laisser dernière pour arriver en haut de la tour aux Jeux olympiques avec le sentiment du travail accompli. Le tout, sans regret !