BOUGE! Le blogue du Centre sportif

Des lieux qui transforment l’événement

Architecture et bassins aquatiques

Par Audrey Lacroix, nageuse olympique canadienne (2008, 2012 et 2016) et gestionnaire des médias sociaux au Parc olympique.

Les bassins aquatiques du Centre sportif du Parc olympique sont souvent décrits comme étant parmi les plus beaux au monde. Avec ses lanterneaux laissant entrer la lumière naturelle, ses lignes courbes et son point de vue impressionnant sur les bassins depuis la mezzanine, le Centre sportif est un grand centre aquatique avec de la personnalité. Pourtant, vu du ciel, cet immense complexe comptant sept bassins semble tout petit en comparaison à sa voisine d’en haut, la Tour de Montréal, haute de 165 mètres, et son voisin d’à côté, l’imposant Stade olympique.

Il s’agit d’un Centre sportif à la fois mythique et très actuel. Il faut dire aussi que ce ne sont pas toutes les piscines qui présentent un certain intérêt architectural. La plupart des grands complexes aquatiques américains, quoique répondant aux plus récentes normes, sont avant tout des installations utilitaires sans réel signe distinctif.

Qu’elle a été ma piscine préférée au cours de ma carrière de nageuse?

Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que la plupart des Championnats du monde ont lieu dans des bassins temporaires, souvent installés dans des centres des congrès ou des stades accueillant divers sports. Ce type d’installation permet à plusieurs milliers de spectateurs d’assister aux compétitions, ce qui serait impossible dans un complexe aquatique ordinaire.

J’ai ainsi, au cours des années, nagé dans une piscine installée dans un stade servant généralement au basketball à Indianapolis, sur le court central du Rod Laver Arena où ont lieu chaque année les Internationaux de tennis d’Australie et dans l’aréna utilisé par l’équipe de hockey junior de Windsor.

Ce phénomène d’installations sportives temporaires n’est pas unique à la natation. En octobre 2017, le Championnat du monde de gymnastique artistique s’est déroulé sur l’aire de jeu du Stade olympique, offrant ainsi la possibilité à plus de 10 000 personnes d’assister aux compétitions tout en permettant aux gymnastes de performer sur des équipements et des plateaux sportifs répondants aux plus récentes normes.

Pour les nageurs, les Jeux olympiques sont souvent l’occasion de compétitionner dans des centres aquatiques tout neufs. Pour les Jeux de Pékin et de Londres auxquels j’ai participé, des complexes pouvant recevoir plus de 15 000 spectateurs d’un seul côté du bassin ont été construits. Puisqu’il n’est pas souhaitable ou utile de conserver autant de sièges dans un complexe aquatique, une partie des gradins en place pendant les Jeux est souvent temporaire. Par exemple, après des rénovations majeures en 2013, le London Aquatic Centre est passé d’une capacité de 17 500 personnes lors des Jeux olympiques à une possibilité de 3 800 places, dont 2 800 sont situées dans des gradins permanents. En comparaison, le Centre aquatique du Parc olympique de Montréal possède 2 700 sièges dans les gradins du bassin de compétition.

Cependant, lors des plus récents Jeux olympiques d’été à Rio en 2016, les compétitions de natation n’ont pas eu lieu dans un complexe fraîchement construit, mais plutôt dans des piscines aménagées dans un stade extérieur, couvert et temporaire. Ces grands bassins transportables, utilisés de plus en plus fréquemment, présentent plusieurs avantages. Si dans le cadre d’un événement sportif il peut être souhaitable d’avoir plusieurs bassins à proximité les uns des autres, il est plus logique de disperser les bassins à différents endroits lorsque vient le moment de leur donner une nouvelle vocation, que ce soit pour l’entraînement d’athlètes de haut niveau ou pour le bénéfice de la communauté.

Saviez-vous que le bassin situé sur la mezzanine, tout près de l’INS Québec, se trouvait au parc Jean-Drapeau lors de la tenue des Championnats du monde de la FINA en 2005? D’une profondeur de 3 mètres, il est conforme aux plus récentes normes concernant les compétitions de nage synchronisée et procure aux athlètes de haut niveau un environnement d’entraînement optimal.

Les grands complexes aquatiques ne sont pas nombreux et c’est pourquoi l’héritage des Jeux olympiques de 1976 à Montréal est si précieux. Plus de 40 ans après sa construction, l’ancien Centre aquatique, rebaptisé Centre sportif, accueille encore des compétitions de natation, de plongeon, de nage synchronisée et de water-polo de tous les niveaux.

Enfin, sur une note plus personnelle, je trouve que le Centre sportif, avec son architecture unique, tout en courbes, a une personnalité bien à lui. Il n’y a pas beaucoup de piscines aussi belles dans le monde… et j’en ai vu plusieurs.

Curieux de découvrir d’autres piscines exceptionnelles?

Ce sera le sujet de mon prochain article.