Entrevue: Lysanne Richard – Toujours plus haut prend son envol!
C’est au Centre sportif du Parc olympique, avec comme ambiance sonore les plongeurs fendant l’eau au bassin de plongeon, que nous nous sommes entretenus avec Lysanne Richard.
Lysanne est plongeuse de haut vol : elle se jette d’une plateforme allant jusqu’à 23 mètres de hauteur, pour plonger à 80 km/h dans un bassin, un océan, un lac, une baie, un fjord ou une rivière. Bref, c’est une athlète qui n’a pas froid aux yeux!
Pionnière canadienne de ce sport, Lysanne est 2e au rang mondial du haut vol et a décroché maintes médailles d’or, d’argent et de bronze lors des compétitions Red Bull Cliff Diving World Series. À ses montées sur le podium s’ajoutent aussi diverses distinctions, telles que sa nomination d’athlète féminine de l’année en plongeon 2016 de la FINA.
Malgré l’annulation des compétitions de haut vol en 2020, Lysanne continue de faire couler de l’encre; en collaboration avec l’auteure Myriam Jézéquel et les éditions Flammarion Québec, elle vient de publier sa biographie Toujours plus haut.
Qu’est-ce que le plongeon de haut vol représente pour toi?
Le plongeon de haut vol, c’est pour moi une opportunité de vivre du dépassement de soi. […] Je n’ai pas de zone de confort dans ce sport, et ce, même si cela fait plusieurs années que je le pratique. Bien que j’aie la chance de bien performer sur la scène internationale, j’ai toujours peur et je suis toujours nerveuse avant de plonger. Étant donné que j’ai peur, je m’offre l’opportunité d’être brave, d’être courageuse, parce que je dois affronter ma peur.
Je suis toujours nerveuse avant de plonger. Étant donné que j’ai peur, je m’offre l’opportunité d’être brave, d’être courageuse, parce que je dois affronter ma peur.
Aussi, quand je suis dans les airs, c’est comme [être dans] une autre dimension. Je ne peux penser à rien d’autre; je suis dans le moment présent, je sens le vent que je crée dans ma descente et j’ai un attachement à ça aussi.
Qu’est-ce qui vous a inspirées, Myriam Jézéquel et toi, à produire Toujours plus haut?
C’est formidable, parce que ce n’est pas mon initiative. Jamais je n’aurais eu la prétention de me dire « mon dieu je mérite un livre! ». Myriam est auteure et j’adore sa plume, son style d’écriture. Elle avait écrit plusieurs ouvrages par le passé, mais c’est sa première biographie. […] Elle m’a approché avec ce projet-là, on s’est rencontrées et on en a discuté.
Au début, j’étais surprise parce qu’en général [les biographies sont à propos de] gens presque en fin de vie, qui ont déjà réalisé tellement de choses, et j’ai l’impression que je n’ai pas terminé de faire tout ce que j’ai à faire. Mais ce que Myriam souhaitait passer au travers de mon histoire est un message de dépassement de soi, de résilience et de confiance en soi. Ce sont des sujets qui me touchent beaucoup et qui rejoignent des thèmes que j’aborde dans ma conférence, qui s’appelle aussi Toujours plus haut. En même temps, cela offre une visibilité au Parc olympique, à mon sport, et je crois que cela va aider le développement du haut vol au pays.
Parle-nous un peu de ta biographie.
[En plus de mon parcours en haut vol, on y aborde] un côté qui est intéressant et que les gens connaissent un peu moins, soit ma vie avant le sport, entre autres ma carrière au Cirque du Soleil.
Aussi, on y parle de mon enfance et de ma famille. J’ai trouvé intéressant de repenser à l’enfance et à tout ce que mes parents ont fait pour nous inculquer des valeurs que je partage maintenant avec mes enfants.
Mon parcours en est un de résilience, car évidemment il y a eu bien des obstacles, mais c’est aussi un parcours de rebondissements.
Au-delà d’une athlète internationale, tu es aussi maman de trois enfants. Aurons-nous la chance de découvrir un peu cet aspect de ta vie dans Toujours plus haut?
Évidemment, mon rôle de maman est le rôle qui me tient le plus à cœur. C’est ma priorité dans la vie d’être une bonne maman et c’est certain que, dans mes échanges avec Myriam, ça faisait partie de ce que j’avais envie de partager. Donc oui, c’est relaté. On y voit aussi un peu comment nous sommes arrivés à concilier [la vie de famille et ma vie d’athlète]. C’est clairement un travail d’équipe, il y a l’implication de mon mari évidemment, mais aussi notre entourage et de mes parents.
Quels sont tes objectifs pour l’avenir?
J’ai tendance à aller où l’avenir me porte! Jusqu’à présent dans ma vie, je n’avais pas nécessairement eu beaucoup d’objectifs à long terme… J’avoue qu’avec la situation de la COVID-19, il y a eu un questionnement. Nous espérons avoir une saison de compétition la saison prochaine, mais au cas où cela n’aurait pas lieu, j’ai commencé à développer d’autres projets. J’ai aussi commencé à penser un peu plus à mon après-carrière compétitive et, clairement, je souhaite demeurer dans le sport.
Il y a plein de défis que j’ai envie d’accomplir. En ce moment, on travaille pour pouvoir faire du haut vol à partir d’un hélico. […] J’ai aussi d’autres rêves : je veux sauter d’un glacier, je veux plonger d’une montgolfière. Je suis en train de trouver une équipe pour développer ces projets un peu plus inusités. […] Je veux continuer les spectacles, les conférences, puis je veux travailler aussi dans le milieu de la télé…
Je veux continuer d’être impliquée pour le développement du haut vol au pays, être impliquée quand il y a des camps d’entraînement et partager mon expérience avec la relève. À moyen terme, si le haut vol devient un sport olympique en 2024, j’aimerais y participer et avoir la chance d’y plonger. Sinon, si ce n’est pas [encore un sport olympique] en 2024, je vais avoir envie d’être impliquée dans le haut vol olympique, mais pas en tant qu’athlète. 2028, c’est dans un petit peu trop longtemps!
Le Parc olympique joue d’ailleurs un rôle dans le cadre du développement du haut vol. Peux-tu nous en parler?
Le Parc olympique et un joueur clé dans le développement du haut vol. Premièrement, pour avoir de bons plongeurs de haut vol, ça prend de bons plongeurs et on a l’équipe nationale qui s’entraîne ici. Éventuellement, il y aura peut-être des athlètes du plongeon régulier qui vont décider d’aller vers le haut vol après leur carrière en plongeon régulier. Certains athlètes ont déjà mentionné un intérêt.
Nous avons également une influence positive pour d’autres centres sportifs, qui voient qu’il a été possible d’installer une plateforme de haut vol dans une piscine existante
En travaillant avec Alain (vice-président Exploitation et développement commercial au Parc olympique) et en trouvant d’autres alliés, nous avons réussi à installer une plateforme au 18 mètres et une plateforme au 20 mètres. [Le Centre sportif du Parc olympique est] vraiment un lieu unique au monde pour avoir une installation comme celle-là dans une piscine intérieure. […] C’est formidable, car ce sont des conditions contrôlées pour apprendre un sport extrême, tout en ayant un volet très sécuritaire… Ça va être de plus en plus facile de former la relève. On compte tenir des camps d’entraînement, entre autres. Il y a vraiment un intérêt à l’international. Tout le monde est impatient de venir plonger ici!
Je crois que nous avons également une influence positive pour d’autres centres sportifs, qui voient qu’il a été possible d’installer une plateforme de haut vol dans une piscine existante. […] Sur la scène internationale, cette plateforme [à 20 mètres] va grandement contribuer, et peut-être même, en faire une discipline olympique, parce qu’il faut des lieux d’entraînement pour qu’on puisse se rendre jusqu’à cette prestigieuse compétition.
Où peut-on trouver ta biographie?
Toujours plus haut est disponible chez tous les bons libraires. [La biographie est disponible] également sur le site Web de Flammarion Québec en version numérique [ou exemplaire imprimé avec livraison] partout au Canada.
Par ailleurs, si les gens veulent une copie dédicacée, il suffit de communiquer avec moi sur mes réseaux sociaux (Instagram, Facebook, site Web). Vous êtes les bienvenus à me suivre et à me contacter afin qu’on s’organise pour que je vous la fasse parvenir.
Une note de l’auteure Myriam Jézéquel
Le plongeon de haut vol est un sport extrême « pas comme les autres ». Il m’a saisi par son côté extrêmement physique, mental et gracieux, à l’image d’un ballet aérien entre ciel et mer. C’est aussi un sport qui insuffle un formidable élan de liberté, qui amplifie et sublime le rêve ou la sensation que rien n’est impossible pour ceux qui osent défier leurs limites. Au-delà du sport lui-même, il y a dans le parcours sportif et la trajectoire de vie de Lysanne quelque chose d’unique, de puissant et de motivant. Sa personnalité même est à l’image de son sport, à la fois style de vie et état d’esprit. À mes yeux, Lysanne n’hésite pas à foncer et à plonger dans la vie. Elle persévère, étape par étape, pour se hisser toujours plus haut. Elle s’ajuste intelligemment et vaillamment pour remonter sur la plateforme, si c’est ce qu’elle veut.
En tant qu’écrivaine et biographe, j’ai voulu transmettre cet élan de vie, ce courage d’être soi et cette force de volonté comme étant des valeurs précieuses et des ressources vitales pour quiconque – sportif ou non – a l’audace de « plonger » dans l’eau ou dans la vie. Je me suis investie dans cette biographie parce que je souhaitais remplir cette mission de « transmettre » une force d’inspiration utile pour le public, et parce que je pensais bien que, comme moi, Lysanne est le genre de personne à aller jusqu’au bout d’un projet, et que nous mènerions donc à terme, et à deux, ce projet de longue haleine. Il me reste à souhaiter que les lecteurs tirent tout le bénéfice de cette lecture rafraîchissante et inspirante.