Entrevue : Kathleen Smith – Physiothérapeute à l’INS Québec
À l’approche des Jeux olympiques et paralympiques, les athlètes, accompagnés par leur équipe de soutien, effectuent leurs dernières préparations avant de s’envoler vers Paris. Dans cet esprit, Le 76 a eu l’occasion de discuter avec Kathleen Smith, physiothérapeute à l’Institut national du sport du Québec, pour mieux comprendre son rôle vital dans l’accompagnement des athlètes.
Kathleen pratique la physiothérapie depuis 2009 et s’est joint, en 2014, à l’INS Québec. Elle travaille principalement, depuis 2016, avec l’équipe canadienne de paranatation. D’ailleurs, elle accompagnera celle-ci aux Jeux paralympiques de Paris, cet été. Elle aide aussi les athlètes de judo et de gymnastique Québec, ainsi que les athlètes en sport études. De plus, elle passe quelques heures par semaine à la clinique de l’INS Québec, où elle rencontre tous types d’athlètes.
Peux-tu nous décrire ce qu’est une physiothérapeute et quelles en sont les principales tâches?
Premièrement, notre rôle est d’aider à prévenir les blessures. Pour y parvenir, nous travaillons très étroitement avec les entraîneurs, les préparateurs physiques et les médecins. Au début de la saison, nous faisons une évaluation avec chaque athlète pour identifier les possibles facteurs de risques.
Au début de la saison, nous faisons une évaluation avec chaque athlète pour identifier les possibles facteurs de risques.
Ça peut être un manque de mobilité, de force, de stabilité ou une blessure de la saison dernière qui est encore présente. Il est donc important d’identifier ces problèmes très tôt dans la saison.
Deuxièmement, nous préparons des exercices ciblés pour chaque athlète selon les facteurs de risques identifiés. Nous collaborons avec les entraîneurs et les préparateurs physiques pour modifier, au besoin, les entraînements au cours de la saison.
Troisièmement, nous devons gérer les blessures. Avec les médecins, nous préparons un plan d’action pour la réadaptation. Encore une fois, l’entraîneur et les préparateurs physiques seront impliqués. Parfois, les psychologues sportifs sont aussi appelés à intervenir lorsque le côté psychologique de l’athlète est affecté
Comment participes-tu au succès des athlètes?
Nous aidons les athlètes à maintenir une santé optimale afin qu’ils puissent manquer le moins d’entraînements possible.
Nous aidons les athlètes à maintenir une santé optimale afin qu’ils puissent manquer le moins d’entraînements possible. Manquer une ou deux journées d’entraînement n’est pas si grave, mais s’absenter pendant plusieurs semaines peut avoir un impact significatif sur leur performance. Nous veillons donc à les préparer de manière qu’ils soient disponibles la plupart du temps pour l’entraînement.
Lorsqu’un athlète se blesse, nous cherchons des moyens pour qu’il puisse continuer à s’entraîner. Par exemple, si la blessure concerne le bas du corps, nous trouverons des exercices pour entraîner les membres supérieurs qui ne sont pas affectés. Cela demande parfois de la créativité, mais nous nous efforçons toujours de trouver des solutions adaptées.
Quand les athlètes viennent-ils te voir?
Ça dépend des athlètes. Certains sont plus proactifs que d’autres. J’essaye de les encourager le plus possible à venir me voir pour faire de la prévention de blessures. Même si l’athlète n’est pas blessé, il peut y avoir une accumulation de la tension musculaire et cela peut affecter ses performances. Je peux donc les aider à relâcher cette tension qui est présente dans les muscles.
Souvent, les déséquilibres autour des articulations, comme les épaules, se manifestent par des pectoraux trop serrés et une faiblesse au niveau des omoplates et de la coiffe des rotateurs.
La rééducation combine généralement des étirements, des exercices de mobilité et des renforcements musculaires.
La rééducation combine généralement des étirements, des exercices de mobilité et des renforcements musculaires. Il est donc essentiel de cibler spécifiquement les muscles sollicités selon le sport pratiqué.
Par ailleurs, il s’avère crucial d’être présent sur les lieux d’entraînement, comme la piscine, car cela permet aux athlètes de se sentir plus à l’aise pour venir me voir. Parfois, les entraîneurs me demandent d’observer un athlète en particulier après avoir remarqué quelque chose lors de l’entraînement. Je gère mon emploi du temps de manière à me rendre disponible pour les différentes équipes et athlètes, en plus des quelques heures que je passe à la clinique de l’INS Québec.
Y a-t-il des blessures plus fréquentes que d’autres?
Je travaille avec des athlètes qui effectuent beaucoup de gestes répétitifs dus à leur sport. Par exemple, en natation et en kayak, je vois beaucoup de problèmes aux épaules comme des tendinoses, des problèmes au bas du dos et des problèmes de genou. Ce sont majoritairement des blessures de surutilisation.
Qu’est-ce que tu aimes le plus de ton métier?
Au fil des années, j’ai développé des relations étroites avec les athlètes et mes collègues. Puisque nous travaillons et voyageons ensemble quotidiennement, nous avons développé un esprit d’équipe très solide. Aussi, j’ai l’occasion de suivre les athlètes lors des entraînements et des compétitions, partageant ainsi leurs succès et leurs défis. C’est un environnement très stimulant.
Est-ce qu’il y a un moment marquant dans ta carrière que tu aimerais partager avec nous?
Une athlète que je suivais s’est gravement blessée et a dû manquer les Jeux paralympiques de Tokyo. Nous avons ensuite consacré une année entière à sa réadaptation et, l’année suivante, elle a connu beaucoup de succès aux championnats du monde. Lors d’une entrevue, elle répondait aux questions en utilisant « nous », incluant ainsi toute l’équipe de soutien dans ses réussites. J’ai été profondément touchée par sa gratitude et sa reconnaissance envers notre travail d’équipe. Après une année si difficile, constater son succès fut l’un des moments les plus gratifiants de ma carrière.