Le 76

L’exposition Hochelaga – Montréal en mutation : pour découvrir le quartier à travers ses habitants

Par Audrey Lacroix,
athlète et nageuse olympique

En arpentant les rues d’Hochelaga, il est à la fois possible de constater le passé ouvrier de ce quartier populaire francophone et de voir les réalités sociales diverses qui s’y côtoient aujourd’hui, avec ce que ça comporte d’ombre et de lumière.

Toutefois, quiconque prend le temps d’en observer les habitants verra que l’entraide et la bonté de cœur y triomphent souvent.

Quiconque prend le temps d’en observer les habitants verra que l’entraide et la bonté de cœur y triomphent souvent.

Avez-vous déjà voulu vous attarder dans l’un des commerces ou parcs du quartier où se côtoient des habitués pour écouter ce qu’ils disent et leur poser des questions?

C’est un peu ce que propose la photographe et réalisatrice Joannie Lafrenière avec son exposition Hochelaga – Montréal en mutation présentée au Musée McCord-Stewart.

L’artiste multidisciplinaire utilise ses deux médiums de prédilection pour emmener les visiteurs à la découverte d’Hochelaga à travers les gens qui l’habitent. Aux photographies et vidéos s’ajoute la poésie de Benoit Bordeleau, qui plonge dans un état émotif propre à porter attention aux récits du quotidien que l’on retrouve dans l’exposition.

Pour décrire Hochelaga, c’est peut-être les mots « beauté oblique », utilisés dans l’introduction à l’entrée de la salle, qui sont les mieux choisis.

Pour décrire Hochelaga, c’est peut-être les mots « beauté oblique », utilisés dans l’introduction à l’entrée de la salle, qui sont les mieux choisis. Honni par certains, chéri par d’autres, ce quartier est souvent considéré par ceux appartenant à la deuxième catégorie, comme un village à l’ombre du centre-ville, un lieu où règne un esprit de communauté inégalé. Alors que de nombreux Québécois issus des régions en font leur premier pied-à-terre en sol montréalais, certaines personnes nées dans ce quartier ne l’ont jamais quitté.

Vous l’aurez deviné, ce sont les humains qui sont au cœur de cette exposition sur Hochelaga. Les relations humaines qui y sont tissées en donnent le ton. Il s’agit davantage d’une immersion auprès de ses habitants qu’un tableau de la brique et du mortier qui le compose.

Crédit photo de gauche : Joannie Lafrenière

Le parcours non linéaire de l’exposition amène entre autres à la rencontre de Michel, le barbier prêtant une oreille attentive à ses clients; de Diane, l’ancienne serveuse au restaurant La Québécoise, un lieu autrefois bien connu du quartier maintenant disparu; et de Pierre-André, le fleuriste qui après une très longue carrière a pris sa retraite en 2021.

Le visiteur qui déambule dans les espaces de l’exposition est appelé à prendre le temps de visionner les vidéos et à écouter les protagonistes se raconter.

Les métamorphoses d’Hochelaga survenues au cours du dernier demi-siècle ainsi que son embourgeoisement font partie prenante des récits présentés, mais sont également mis en lumière par la série photographique d’Yvon Lebeau et de Lise Robichaud, réalisée à la fin des années 1970.

Prêts pour jeter un regard nouveau sur Hochelaga ? Cette exposition est une invitation à explorer à travers des personnages du quotidien ce bout de Montréal empreint de résilience.

Voyez l’exposition Hochelaga – Montréal en mutation au Musée McCord-Stewart jusqu’au 10 septembre 2023.

 

Envie de prolonger avec des lectures cette immersion dans l’univers d’Hochelaga?

Pensé comme la suite logique à la visite de l’exposition, le livre Hochelaga – Montréal en mutation reprenant 45 photographies de l’exposition et contenant des textes de la photographe ainsi que de la poésie de Benoit Bordeleau est disponible au Musée McCord-Stewart ainsi qu’à la Librairie Le Renard perché (3731, rue Ontario Est).

Si les poèmes de Benoit Bordeleau vous ont donné envie d’explorer un peu plus longtemps Hochelaga à travers les strophes et les vers, voici deux recueils pour vous :

  • Marche à voix basse, de Nelly Desmarais, Le Quartanier.
    Les poèmes intimistes de ce recueil sont rassemblés en chapitres qui ont pour décor le quartier à différentes époques.
  • Hochelagurls, d’Audrey Hébert, Les Éditions de Ta Mère.

Ce recueil met en scène un éventail de jeunes femmes aux parcours diversifiés qui constituent un échantillon de la jeunesse du quartier. Attention, le langage parfois cru et l’utilisation du franglais pourraient heurter certains lecteurs.

Vous souhaitez découvrir Hochelaga à travers la fiction? Ces romans en dépeignent le caractère unique à travers les récits de personnages tout aussi singuliers :

  • Les danseurs étoiles parasitent ton ciel, de Jolène Ruest, Éditions XYZ.
    Prunelle, diplômée de l’École de ballet qui peine à payer son loyer tente de répondre à la question : Qu’est-ce que réussir sa vie? À travers sa quête de sens et de sa place dans le monde, elle rencontrera des personnages colorés avec qui elle déambulera dans le quartier. Ce roman a fait l’objet d’une adaptation théâtrale présentée en février dernier au théâtre Denise-Pelletier. Vous l’avez manquée? Le texte de la pièce est également disponible en librairie.
  • Je voudrais qu’on m’efface, d’Anaïs Barbeau-Lavalette, Éditions Hurtubise.
    Alors que la série télé disponible sur Tou.tv est sise dans Saint-Michel, c’est bel et bien dans Hochelaga que l’autrice mettait en scène des adolescents issus de familles dysfonctionnelles qui tentaient de s’en sortir… ou à tout le moins de survivre.
  • L’évasion d’Arthur ou la commune d’Hochelaga, de Simon Leduc, Le Quartanier.
    Un roman comique aux propos souvent cyniques. Arthur, dix ans, rejoint dans une école désaffectée la Commune d’Hochelaga, rassemblant une foule bigarrée composée d’enfants, de poqués et de malades qui veulent changer le monde et faire la révolution.
  • Les justiciers d’Hochelaga, de Peter Kirby, Éditions Linda Leith.
    Si les romans policiers sont davantage ce qui suscite votre intérêt, gageons que cette enquête de l’inspecteur Vanier saura vous plaire. Elle débute au moment où des trafiquants de drogues et des prostituées disparaissent. Une mystérieuse milice issue de l’embourgeoisement du quartier est alors soupçonnée. L’inspecteur Vanier tentera de faire la lumière sur ces disparitions qui semblent laisser de glace son commandant.
  • Arabesques, de Pierre Samson, Les Herbes rouges.
    Ce roman, qui épouse une forme près du recueil de nouvelles, met en scène les résidents d’un vieil immeuble d’Hochelaga qui résiste aux promoteurs urbains. L’auteur y raconte le quartier où il a grandi en donnant la parole tour à tour à différents narrateurs vivants à différentes époques, partant d’aujourd’hui jusqu’à la période de l’après-guerre.