- De l’annonce des Jeux à la compétition
- L’envergure des installations
- Quelques retombées des Jeux olympiques
- Faits, médailles et statistiques
De l’annonce des Jeux à la cérémonie d’ouverture
En 1970, à Amsterdam, trois villes sont en lice et chacune, malgré la courtoisie des échanges, entend l’emporter sur les deux autres. Entre le dépôt de la candidature et la décision du Comité international olympique (CIO) est intervenue, comme à l’accoutumée, ce qu’il n’est pas excessif d’appeler la grande campagne de séduction; chaque candidate déployait toutes les ressources pour rallier les suffrages du CIO.
Que Montréal ait obtenu les Jeux de 1976 face aux villes représentant les deux super-puissances, soit Moscou et Los Angeles, cela tient du prodige. En fait, très peu d’observateurs chevronnés du monde olympique lui accordaient la moindre chance. C’était sans compter sur le dynamisme et la ténacité du maire Jean Drapeau et de son équipe.
La nouvelle que les Jeux sont accordés à Montréal arrive d’Amsterdam le 12 mai 1970 et est reçue avec joie. Le Comité organisateur des Jeux olympiques (COJO) prend forme : c’est le début d’une grande aventure…
Montréal, samedi 17 juillet, 15 heures. Une sonnerie de trompettes royales retentit et, dans le Stade olympique, pavoisé aux couleurs des 132 pays membres du CIO, s’élève la voix de l’annonceur : «Mesdames, messieurs, Sa Majesté la Reine. Ladies and gentlemen, Her Majesty the Queen.» Les téléspectateurs des cinq continents voient les 76 433 personnes réunies au Stade olympique acclamer l’entrée de Sa Majesté Élisabeth II, accompagnée du prince Phillip, duc d’Édimbourg, et du prince Andrew. Lord Killanin et Son Excellence M. Roger Rousseau, président du COJO et commissaire général des Jeux de la XXIe Olympiade, conduisent Sa Majesté jusqu’à la loge royale où l’accueillent les dignitaires.
Aux accents de la Marche des athlètes, les 94 délégations défilent à 120 pas à la minute. L’entrée de la délégation du pays d’accueil, le Canada, marque l’un des moments les plus émouvants, comme il se doit, de ce défilé de près de 8 200 participants.
C’est à 16 h 34 que les athlètes, la foule du stade et d’innombrables téléspectateurs disséminés sur les cinq continents voient Sa Majesté la reine prononcer le phrase rituelle des Statuts olympiques : « Je proclame l’ouverture des Jeux olympiques de Montréal, célébrant la XXIe Olympiade de l’ère moderne. »
Aux accents de l’Hymne olympique, de Spirou Samara, entrent dans le stade huit athlètes, porteurs du drapeau blanc aux cinq anneaux bleu, jaune, noir vert et rouge entrelacés. Les regards sont fixés sur le drapeau olympique lorsque l’annonceur proclame : « M. Georges Kronawitter, maire de la ville de Munich, va remettre à Lord Killanin, président du Comité international olympique, le drapeau officiel offert en 1920 par le Comité olympique belge au mouvement olympique. Lord Killanin va transmettre le drapeau au maire de la ville de Montréal, M. Jean Drapeau ».
Pendant que les pigeons tournoient dans le ciel et s’élancent vers l’azur, les sonneries olympiques annoncent l’arrivée de la Flamme olympique. Deux athlètes canadiens, Sandra Henderson de Toronto et Stéphane Préfontaine de Montréal, portent la Flamme dans le stade, aux applaudissements des athlètes et de la foule. Une première dans l’histoire des Jeux de l’ère moderne! Ces jeunes athlètes symbolisent à la fois les deux peuples fondateurs.
Les porteurs de drapeaux des 94 équipes nationales prennent place en demi-cercle, derrière la tribune, où monte le porteur du drapeau canadien, un athlète de sa délégation et un juge.
Face à Sa Majesté, l’haltérophile Pierre Saint-Jean, tête nue, tenant le pan du drapeau du Canada de sa main gauche, lève la main droite et prononce en français et en anglais le serment suivant : « Au nom de tous les concurrents, je promets que nous nous présentons aux Jeux olympiques en concurrents loyaux, respectueux des règlements qui les régissent et désireux d’y participer dans un esprit chevaleresque pour la gloire du sport et l’honneur de nos équipes. »
L’athlète se place en retrait et le juge Maurice Forget vient, à son tour, prêter le serment des juges et officiels : « Au nom de tous les juges et officiels, je promets que nous remplirons nos fonctions pendant les présents Jeux olympiques en toute impartialité, respectueux des règlements et fidèles aux principes du véritable esprit sportif. »
L’ensemble olympique, chœur et orchestre, interprète l’hymne national Ô Canada. Les Jeux de la XXIe Olympiade sont ouverts. Un frisson de fierté et un grand sentiment d’admiration parcourent l’assistance et dissipent les angoisses d’une longue incertitude.
Montréal proposait un programme de compétitions embrassant les 21 sports désignés à l’article 31 des Statuts olympiques : athlétisme, aviron, basketball, boxe, canoë, cyclisme, escrime, football, gymnastique, haltérophilie, handball, hockey, judo, lutte, natation, pentathlon moderne, sports équestres, tir, tir à l’arc, volleyball et yachting.
Les 196 épreuves du programme donneront lieu à 198 cérémonies de remises de médailles, car la tradition olympique veut qu’au pentathlon moderne et au concours complet d’équitation on couronne également les meilleures équipes.
L’envergure des installations
Pour la tenue des Jeux – soucieux d’utiliser au maximum des bâtiments déjà existants -, le COJO choisit, dans l’agglomération montréalaise, différents centres sportifs, stades, piscines, terrains de jeu, gymnases et édifices qui serviront aux compétitions, à l’entraînement, ainsi qu’à divers services, dont ceux de l’administration et des télécommunications.
La plupart des lieux choisis sont situés à moins de dix kilomètres du Parc olympique. Le COJO les rénove, les transforme, si nécessaire, selon les exigences des diverses fédérations sportives et les besoins de la technologie moderne, y installe l’équipement.
Au sein de la Cité olympique surgit un complexe sportif unique en son genre : le Parc olympique. Celui-ci domine tous les autres lieux de compétition, tant par l’ampleur des constructions que par l’importance des manifestations qui s’y déroulent. Près du tiers des finales y ont lieu. Le Parc olympique se distingue également par l’agencement des espaces et des édifices, visant à intégrer le stade, la piscine, le vélodrome, les terrains de jeu, les stations de métro et les promenades, ainsi que les deux bâtiments qui s’y trouvaient déjà (le Centre Pierre-Charbonneau et l’aréna Maurice-Richard), dans un ensemble harmonieux.
Le Village olympique, à l’extrémité nord de la Cité olympique, s’insère dans un cadre paysager parcouru de sentiers qui en font une véritable ville-jardin. Il consiste en deux immeubles de 19 étages, de forme pyramidale, offrant 980 logements entourés de terrasses. On héberge au Village olympique tous les athlètes, sauf les participants aux sports équestres et au yachting, qui logent dans des résidences aménagées à Bromont et à Kingston.
À l’extérieur de Montréal, les compétitions olympiques se dérouleront dans huit villes où les installations en place seront développées ou adaptées, selon le cas.
Quelques retombées des Jeux olympiques
Au lendemain de la cérémonie de clôture, un quotidien de Montréal titre : «Les Québécois ont adoré les Jeux». Au Canada, l’indice de satisfaction des téléspectateurs atteint 96 %. La réponse étonne même les plus optimistes. Rien, en apparence, ne laissait présager un tel succès. Par le caractère universel de la rencontre, par le langage direct et simple de la compétition sportive, les Jeux séduisent et semblent offrir à un monde inquiet une réalité rassurante.
Malgré la période trouble qui les a précédés, les Jeux de Montréal n’en auront pas moins rempli leur « mission ». Ils ont notamment marqué la jeunesse au moment où l’émulation, la compétition et les valeurs de vie semblaient menacées par une société de consommation. « En quinze jours, déclare le directeur d’une fédération canadienne, les Jeux olympiques on fait ce que les organisations de sport amateur tentaient depuis dix ans. » Certains sports, à peine connus, sont aujourd’hui littéralement pris d’assaut, tels la gymnastique, le volleyball et l’haltérophilie. Le succès des Jeux olympiques, à Montréal, se mesure donc aussi à la pratique et à l’accessibilité du sport dans une société plus férue de compétitions télévisées que de participation active.
L’organisation des Jeux a aussi rejailli de façon importante sur l’industrie touristique du Canada en général, du Québec et de Montréal en particulier.
- Pour en savoir plus sur les Jeux olympiques de Montréal, visitez le site du Mouvement olympique.
Extraits de : Jeux de la XXIe Olympiade-Montréal 1976 Rapport officiel du Comité organisateur des Jeux olympiques; Ottawa; 1978.