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La véritable valeur du Parc olympique de Montréal

Publié le 24 mai 2018

Beaucoup de choses ont été dites et écrites au sujet du Parc olympique depuis la tenue des Jeux de la XXIe Olympiade à Montréal, il y a de cela 42 ans.

Le maire de l’époque, Jean Drapeau avait affirmé haut et fort qu’ « il est aussi impossible pour les Jeux olympiques de Montréal de produire un déficit que pour un homme de devenir enceinte ». En 1969, la Ville de Montréal établit un  budget initial pour accueillir les Jeux à 120 M$, pour le réviser ensuite à 320 M$ en 1972. Nouvelle révision en février 1975 à 610 M$, puis à 730 M$, cinq mois plus tard. Malheureusement, aucunes de ces estimations ne tenaient la route, puisque les Jeux de Montréal se sont avérés parmi les plus chers de l’olympisme moderne.

Ces dépassements de coûts ont été largement relatés, notamment lors de la Commission d’enquête sur le coût de le 21e olympiade, présidée par le juge de la Cour supérieure Albert H. Malouf, en 1980. Les conclusions de ce volumineux rapport font comprendre que ce grand projet fut pris dans une tempête parfaite : absence de budget global, absence de direction de projet, grèves syndicales, corruption, fraude, mais également le premier choc pétrolier de 1971, qui provoqua une importante inflation du coût des matières premières.

À la suite de la publication de l’article du journaliste de Michel Girard dans le Journal de Montréal sur les coûts reliés au Stade olympique, la Régie des installations olympiques (RIO) s’est prêtée à un exercice comptable afin de recenser la valeur actuelle de ses installations, aujourd’hui en 2018. Voici les résultats découlant de cette recherche :

1972 à 1976, la construction du Stade

Selon les données de la RIO au 31 octobre 1976, le Parc olympique a coûté 937 M$. Ce chiffre tient compte de la construction du Vélodrome, des piscines du Centre sportif, des 4 000 places de stationnement intérieur, du Village olympique et du viaduc Sherbrooke. Comme on le sait, le Stade n’était pas tout à fait terminé à cette époque, alors que la Tour était incomplète et qu’aucune toiture ne coiffait l’édifice.

 1977 à 2008, le parachèvement et les transferts de propriétés.

Entre 1977 et 2008, la RIO poursuit la construction du Parc olympique et entretient ses installations. Durant cette période, s’étirant sur 31 ans, plusieurs événements ponctuent l’histoire du Parc, dont :

  • Le parachèvement de la Tour en 1987 et l’installation du tout premier toit, en Kevlar, et le second, la toiture fixe et souple de Birdair, encore sur le Stade olympique aujourd’hui.
  • Le Vélodrome est cédé à la Ville de Montréal en 1992 dans le cadre du 350e anniversaire de la métropole et un investissement public de 50 M$ est injecté pour le convertir en Biodôme.
  • Le Village olympique est vendu en 1998, pour la somme de 62 M$.
  • La RIO poursuit son programme d’entretien de ses installations.

Pour cette période, un montant total de 540 M$ est investi dans le Parc olympique par les paliers de gouvernement municipaux et provinciaux.

2009 à aujourd’hui, la renaissance du phénix.

En 2009, le gouvernement en place prend la décision de réinvestir dans les infrastructures publiques, pour palier au déficit d’entretien accumulé au cours des années précédentes. Les organismes gouvernementaux fiduciaires de biens immobiliers comme la RIO, en profitent alors pour mettre sur pied des plans d’immobilisations afin de poursuivre le maintien de leurs infrastructures. Le Parc olympique, quant à lui, met également sur pied un programme d’entretien de ses équipements avec l’enveloppe d’immobilisations qui lui est accordée par le gouvernement du Québec. Ces dernières années ont ainsi vu des projets de construction et de réfection majeurs être accomplis, tels que la construction de l’Institut national du sport du Québec, la réfection du Centre sportif, la réfection énergétique de la Centrale thermique, l’arrivée du Mouvement Desjardins à la Tour de Montréal et la mise aux normes de cette dernière, et plusieurs autres projets en cours et à venir. Ce sont donc 279 M$ entre 2009 et 2017 qui ont été investis pour l’entretien et les nouveaux projets ayant été réalisés au Parc olympique.

En totalisant les montant pour ces trois périodes, nous obtenons un total de 1,7 G$ pour la construction et l’entretien du Parc olympique, tous paliers de gouvernements confondus. Ce montant, indexé à l’indice des prix à la consommation de 2017, totalise 5,2 G$.

C’est donc un important actif public qui vit dans l’est de Montréal depuis maintenant 42 ans. Les élus de l’époque avaient comme dessein d’offrir aux générations futures un parc urbain inestimable, qui ferait l’envie de tous. On sait également aujourd’hui, notamment grâce à l’étude patrimoniale de Docomomo Québec que le site sur lequel a été érigé ce monument de l’architecture moderne n’était pas fortuit, et que les plans de la Ville de Montréal pour accueillir les Jeux datent de près d’un siècle, alors que la Ville dépose une première candidature en 1928, pour l’obtention des Jeux d’hiver. Ce n’est que 40 ans plus tard que Montréal décroche les Jeux, après cinq tentatives infructueuses (1928, 1938, 1944. 1956, 1972).

L’avenir du Parc olympique, quant à lui, s’annonce prometteur. Les investissements à venir au cours des prochaines années totalisent près d’un milliard de dollars pour l’ensemble du Quartier olympique, tous paliers de gouvernement confondus, comme le démontre cette carte publié à cet effet sur le site du Parc olympique. Ce sera donc, d’ici un horizon de moins de 10 ans, un grand parc urbain unique au monde qui fera effectivement l’envie de tous et qui sera le legs que notre génération laissera à la suivante, comme nos parents et grands-parents l’ont fait pour nous.